L’autisme, un variant génétique
Le langage neurologique autistique appréhendé grâce au « langage conceptuel »
Formuler une phrase selon la structure psychique d’une autre neurologie constitue un travail de « traducteur-interprète » pour un autiste.
Sans parler du fait qu’il faut de respecter des codes sociaux basés chez les autres sur l’automatisme et l’intuition (quelque chose d’inné, d’instinctif, ne demandant pas de réflexion).
Pourquoi cela?
Parce qu’un enfant autiste pense en général en images (notamment ceux qui sont très visuels, par opposition à ceux qui intègrent mieux l’abstrait). Cela fait un double travail de traduction pour la transmission: donc 1° visualiser le concept; 2° traduire cela en des mots.
Imaginez l’effort que doit fournir un enfant. Et à l’âge adulte c’est la même chose, sauf qu’on s’est plus entraînés. Le fonctionnement reste immuable. Il faut bien comprendre cela.
Ce qui fait qu’avec une personne autiste je peux parler sans me fatiguer cérébralement; à l’inverse, avec une personne non-autiste, la saturation cérébrale peut arriver en quelques minutes (quelque soit la bonne volonté de la personne et/ou connaissance de l’autisme et même s’il s’agit d’un parent d’enfant autiste). Je dois m’adapter aux autres. L’inverse semble impossible.
Mais voilà qu’intervient l’étude de Brigitte Harrisson (autiste ayant une pensée exclusivement en images). Elle a inventé ce qui est appelé le « langage conceptuel« , connu au Canada, mais pas en France.
Sans paraphraser ce qui a été dit (cf les liens), je peux ajouter que pour moi cela est une évidence (le fait d’avoir un autre langage), mais ce qui m’émerveille c’est que tout parent peut utiliser avec son enfant autiste cette méthode pour communiquer. C’est donc une avancée majeure et je peux vous dire qu’à côté de ça la France est tellement en retard, que je vois bien plein de parents faire le détour au Canada, ne serait-ce que pour quelques séances qui leur permettraient d’utiliser cette méthode. Il y a un répertoire d’environ 50 situations quotidiennes où on utilise ce langage. Je me dois de l’expliquer ici, car ça va vous mâcher le travail: cela repose sur le fait d’aider l’enfant autiste a « avoir une connexion ». Cela signifie à faire le lien entre des éléments qui vont former un tout. Autrement dit, la façon « processuelle » de traiter l’information. C’est ainsi que moi je « traduis » déjà dans mes mots ce qui est expliqué dans l’émission. ça me permet justement de visualiser.
Et, chose impressionnante, de comprendre pourquoi je peux bloquer face à un travail, une tâche, lorsque qu’une pièce du puzzle manque. Pour faire quoi que ce soit, vraiment peu importe quoi, on doit le visualiser dans son entier du début jusqu’à la fin, mais en reliant les composantes. Pourquoi ? Parce qu’on n’a pas de pensée linéaire… c’est bien la preuve! 🙂 Cette déduction n’est pas faite dans l’émission mais va de soi, je la formule ici afin que vous compreniez mieux. Donc sans la pensée linéaire, on doit construire le cheminement permettant de retracer les composantes à agencer pour effectuer quelque chose.
Le bon côté : c’est bien pour cela que les autistes sont très intelligents, car on n’est pas en mode automatique, justement. Mais la difficulté réside dans le pilotage du cerveau aussi complexe. C’est tout un défi même à l’âge adulte. Il faut une volonté d’acier. Et la mémoire, c’est vital. Donc on va forcément la développer à outrance. Certains autistes ont une mémoire extraordinaire sans effort ceci dit.
Sans plus tarder je vous laisse écouter l’émission.
Pensée Autistique
Voici les liens : « Un langage révolutionnaire pour communiquer avec les autistes » : article résumant l’émission radio sur le sujet (cf ci-dessous).
Emission sur le langage conceptuel : cliquer ici .
Et enfin démonstration :
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Intelligence autistique
Appelée par Laurent Mottron « une autre intelligence », l’intelligence autistique implique le fait d’avoir une intense activité cérébrale qui va se dessiner dans les intérêts spécifiques lesquels occupent une grande place dans la vie de la personne autiste.
La société combat ce type d’intelligence parce que le système scolaire veut des êtres formatés, avec peu de capacité de réflexion.
De plus en plus, la société a marginalisé toute pensée originale, recherchant pourtant les « génies » de temps à autre, les sélectionnant sur des critères opportunistes, voire par un phénomène de foire.
C’est ainsi que, malgré le nombre important d’autistes qu’on pourrait qualifier de génies, seuls certains survivent, au sens propre comme au sens figuré.
Pensée Autistique